Note publique d'information : L'image négative de Byzance puise ses racines dans les chroniques occidentales du
Moyen âge. Au XVIIIe siècle, elle est diffusée par les philosophes Montesquieu et
Voltaire et par les historiens Lebeau et Gibbon. C'est sur ces bases que se constitue
l'histoire byzantine. Au début du XIXe siècle, les romantiques assimilent Byzance
à une longue décadence de l'empire romain où règne le luxe, le vice et la perfidie.
Cependant, il se dessine déjà une image plus nuancée chez les historiens allemands
avec la deuxième moitié du XIXe siècle, l'image de Byzance évolue. Le philhellène
anglais Finlay, les premiers spécialistes allemands Hopf, Kugler, et le français Rambaud
font progresser l'histoire byzantine. De nombreux préjugés demeurent notamment lorsque
son histoire se heurte aux prérogatives ou sert de faire valoir aux enjeux occidentaux
et nationaux du XIXe siècle. Ce phénomène est amplifié dans le dernier quart du XIXe
siècle chez certains historiens français qui ont mal vécu la défaite de 1870 (Lavisse,
Renan). Cependant, la vision de Byzance s'améliore grâce à quelques spécialistes allemands
: Neumann, Krumbacher, Heyd, anglais : Bury, français : Gasquet, Schlumberger. Ces
historiens ont permis de mettre fin à un certain nombre d'à priori. Ce travail se
poursuit en France et en Allemagne dans le premier XXe siècle avec des spécialistes
tels Diehl, Chalandon. A partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, la vision de
Byzance a donc évolué favorablement sous l'influence de l'école allemande. Cette évolution
n'apparaît pas dans les manuels scolaires et des images conçues parfois plusieurs
décennies auparavant sont encore d'actualité. Pourquoi une image si négative ? L'histoire
de Byzance a porté des enjeux essentiels (légitimité impériale, évangélisation, culture)
qui la mettait en concurrence avec les revendications de l'Occident. Son histoire
est un discours au service de stratégies politiques ou religieuses, culturelles ou
nationales. Son histoire a servi de contremodèle à toutes les passions qui ont animé
le siècle. Au début du XXe siècle, Byzance devient le domaine réservé des spécialistes
et acquiert ses lettres de noblesse