Note publique d'information : Le droit a une vision exclusivement abstraite de la notion de personne : tout individu
humain né vivant et viable va réceptionner la personnalité juridique dont la manifestation
principale est de lui reconnaître une aptitude générale à être sujet de droits subjectifs
et d'obligations. Le droit ne se soucie dès lors de l'individu qu'en tant que support
abstrait de droits, qualité qui l'autorise à intégrer le rapport juridique. Dans cette
hypothèse, la présence du corps importe peu : si son apparition est nécessaire en
tant qu'élément à partir duquel le droit va se saisir de l'individu nouvellement paru
dans une perspective d'intégration juridique, c'est en fonction du rôle qu'elle occupe
sur la scène juridique qu'il se préoccupe de la personne. Pour autant, cette vision
apparaît par trop restrictive au vu du contexte contemporain : la société s'est emparée
du corps, l'unité de la personne juridique et de son support corporel est rompue.
Le corps humain est devenu, de façon progressive, susceptible d'appropriation, tantôt
objet d'investigation scientifique, tantôt livré aux règles du négoce. Plus encore,
c'est du processus de construction de la vie humaine dont on dispose et que l'on manipule
sous le couvert d'intérêts divers. Il importe, dès lors, de reconsidérer une notion
classique de la personne qui s'avère impuissante à défendre le corps contre les assauts
contemporains qu'il subit, l'apparition des concepts de personne humaine et d'être
humain en témoignent. Il s'agit, peut-être, de renouer avec l'origine de ce concept,
d'en forcer la compréhension au vu des éléments nouveaux, de fait et de droit, dont
on dispose. On doit en effet prendre conscience d'une réalité : toute atteinte, qu'elle
qu'en soit la nature, qui est portée au coprs humain se reporte sur la personne qu'il
supporte. Ainsi, c'est de la conception du corps dont va dépendre la conception de
la personne. Plus encore, il nous appartient de redécouvrir l'Humain dans le cadre
qu'un système juridique qui s'est asphyxié faute de s'en être soucié. Ce n'est plus
le devenir de la personne individuelle dont il est question, mais de celui de l'humanité
toute entière. Sa survie dépendra d'un constat : si la personne est au service du
droit, celui-ci doit néanmoins s'incliner devant la nature humaine dont elle est porteur,
qui se matérialise au moyen de l'apparition du corps et qui, en tout état de cause,
devrait demeurer insaisissable.