Note publique d'information : Cette thèse se penche sur les causes de l'immigration en France des mères philippines,
ainsi que sur les conséquences de leur départ sur la dynamique familiale, les relations
interpersonnelles et la structure du pouvoir au sein de la famille. Un travail de
terrain a été réalisé en France et aux Philippines, centré sur des entretiens avec
les mères migrantes et avec les membres de leurs familles restées au pays. L'analyse
montre que la logique de départ des mères philippines s'inscrit dans le but d'accomplir
une « bonne maternité ». Migrer transforme ces femmes en soutiens principaux, voire
uniques de leur famille. Elles se trouvent dans une situation de justification continuelle
de leur absence dans leur foyer et recourent à des stratégies variées de maternage
transnational. Leur migration renforce leur maternité : pour celles qui sont en situation
régulière, l'argent gagné en France leur permet d'accomplir leurs obligations familiales
et leur statut leur permet de retourner régulièrement aux Philippines visiter leur
famille. Dans le cas des femmes en situation irrégulière, c'est l'accent mis sur leur
longue absence physique ininterrompue de leur foyer, perçue comme un immense sacrifice
par leurs enfants et par l'ensemble de la société, qui leur permet d'endosser une
image de « bonne mère ». Le départ de la mère suscite un bouleversement progressif
et une réorganisation matérielle, spatiale et mentale. Il engendre une reconfiguration
des rapports de pouvoir et du rôle genre dans la famille, restructurant progressivement
le fonctionnement global de la famille. Malgré la distance ressentie par chaque membre
de la famille, tous s'efforcent de préserver son unité et son image sociale. Ainsi,
la famille existe toujours dans l'esprit, dans la mémoire, dans les souvenirs du passé
et dans l'imagination de chacun - toutes choses indispensables au fonctionnement d'une
famille transnationale entre nucléaire et étendue.
Note publique d'information : This thesis focuses on the causes of Filipino mothers' immigration to France, as well
as on the consequences of their departure on family dynamics, on interpersonal relations,
and on the power structure within the family. Fieldwork was conducted in France and
in the Philippines, centered on interviews with migrant mothers and with members of
their families staying in the country. Analysis shows that the logic of Filipino mothers'
emigration is in line with the objective of accomplishing a "good mothering". Migrating
transforms these women into main, or even sole breadwinners of their family. They
find themselves in a situation of continuous justification of their absence at home
and resort to various strategies of transnational mothering. Their migration reinforces
their motherhood: the money earned in France by those in regular situation allows
them to fulfil their family obligations while returning regularly to the Philippines
to visit their family; whereas in the case of women in irregular situation, it is
the emphasis on their long uninterrupted physical absence from home, perceived as
an immense sacrifice by their children and by the society at large, that allows them
to appear as "good mothers". The mother's departure gives rise to progressive disruption
and to material, spatial and mental reorganization of the family. It reconfigures
the power relations and the gendered role in the family, progressively restructuring
its overall functioning. Despite the distance felt by each family member, they ail
exert efforts to preserve unity of the family and its social image. Thus, the family
lingers in each person's mind, memory, souvenirs of the past and imagination - all
things essential for the functioning of a transnational family in between nuclear
and extended.