Note publique d'information : La thèse étudie la politique de la Banque de France de 1945 au début des années 1970,
pendant la période des « Trente glorieuses ». Alors que l'on présente souvent l'image
d'une banque centrale passive s'acclimatant de l'inflation et répondant aux ordres
de la politique budgétaire, l'exploitation des archives de la Banque ainsi que l'utilisation
et la construction de nouvelles données permet de remettre en cause ce postulat et
de montrer au contraire comment l'action de la Banque centrale sur l'économie française
pendant les Trente glorieuses fut décisive, tant pour maintenir un taux d'inflation
moyen et éviter des crises financières que pour faciliter l'accès au crédit et ainsi
favoriser la croissance. Pour comprendre cette action, il est nécessaire de voir que
la politique de la Banque de France se caractérisait par deux traits distinctifs :
elle ne s'effectuait délibérément pas au moyen des taux d'intérêt mais reposait sur
le contrôle direct des quantités, et, deuxièmement, politique monétaire, politique
du crédit et réglementation bancaire y étaient confondues. Cette étude d'histoire
économique combine plusieurs outils d'analyse. Elle offre tout d'abord une approche
institutionnaliste de la politique monétaire faisant place à l'histoire des idées
économiques et politiques et à l'histoire des pratiques. Elle utilise ensuite de nombreuses
techniques économétriques, notamment de séries temporelles et de panel pour estimer
l'impact de ces politiques sur l'économie française. Enfin, elle propose une modélisation
théorique d'une banque centrale pratiquant un rationnement par les quantités et maintenant
un taux d'intérêt qui n'est pas à l'équilibre.
Note publique d'information : This thesis studies the policy of the Banque de France from 1945 to the early 1970s,
during the so called « Trente Glorieuses ». Contrary to the common view which considers
this policy as passive and only determined by fiscal constraints, I show that central
bank's actions were decisive in maintaining mild inflation and avoiding financial
crisis as well as in easing access to credit and fostering investment and production
growth. These new conclusions rely on an exhaustive use of the archives of the Banque
de France and on the construction of new databases on credit allocation. Two main
characteristics were very peculiar to the policy of the Banque de France during this
period : first, it relied on the direct management of quantities of money and credit
rather than on their prices (interest rates). Second, credit policy, banking policy
and monetary policy were constantly intertwined. This economic history investigation
combines several analytical tools. First, monetary policy is studied from an institutionalist
point of view that takes into account the history of economic and political ideas
and the history of social practices. Second, I use numerous econometric techniques
(mostly times series and panel econometrics) in order to assess quantitatively the
impact of policies on the French economy. Third, I propose a formal model of a central
bank that rations directly quantities while keeping a non market-clearing interest
rate.