Identifiant pérenne de la notice : 247775126
 
            
            Notice de type 
                  Notice de regroupement
                  
                  
            
            
            
            
               Note publique d'information : Les moustiques anophèles sont les vecteurs du parasite Plasmodium falciparum, principal
                     agent du paludisme humain en Afrique sub-saharienne. L'utilisation massive de moustiquaires
                     imprégnées de pyréthrinoïdes est la stratégie anti-vectorielle recommandée par l'OMS
                     pour limiter la transmission du paludisme. La résistance aux pyréthrinoïdes se développe
                     parmi les vecteurs majeurs du paludisme, notamment par l'intermédiaire de la mutation
                     Kdr qui confère une résistance croisée à tous les pyréthrinoïdes, et risqque de compromettre
                     l'efficacité des moustiquaires imprégnées. La recherche d'alternatives aux pyréthrinoïdes
                     est donc une priorité. Dans ce travail, nous avons initié l'étude d'un nouveau concept
                     : combiner un insecticide non-pyréthrinoïde et un répulsif sur une moustiquaire afin
                     de maintenir son efficacité contre des moustiques résistants aux pyréthrinoïdes. Les
                     études menées au laboratoire ont permis de mettre en évidence des interactions de
                     type synergie entre des insecticides carbamates ou organophosphorés (OPs) et des répulsifs
                     sur des moustiques vecteurs. Ces interactions poisitves ont conféré aux mélanges des
                     caractéristiques comparables à celle d'un pyréthrinoïde standard en termes d'effet
                     insecticide, d'effet knock down et d'irritabilité et ont augmenté le temps d'efficacité
                     des molécules sur la moustiquaire. Ces caractéristiques se sont maintenues contre
                     des moustiques résistants aux pyréthrinoïdes (gène Kdr). Deux mélanges ont été évalués
                     contre des populations naturelles d'An. gambiae. Pour la première fois, une synergie
                     observée en laboratoire a été retrouvée sur le terrain. Les moustiquaires imprégnées
                     de ces mélanges ont conféré une protection et une efficacité comparable à un pyréthrinoïde
                     standard sur une population d'An. gambiae sensible aux insecticides. Leur efficacité
                     s'est maintenue contre des An. gambiae fortement résistants aux pyréthrinoïdes (gène
                     Kdr) et aux OPs et carbamates (gène Ace.1R). De plus, l'utilisation de ces mélanges
                     sur moustiquaire n'a induit aucune pression de sélection sur ces gènes de résistance
                     (Kdr et Ace.1R). Les mécanismes physiologiques à l'origine de la synergie ont été
                     étudiés afin d'optimiser l'utilisation des mélanges en santé publique. Dans la mesure
                     où le mode d'action des répulsifs était mal connu, nous avons, par des approches toxicologique,
                     électrophysiologique et biochimique, identifié l'acétylcholinestérase comme cible
                     du dyéthyl-m-toluamide (DEET) dans le système nerveux central (SNC) des insectes.
                     Nos résultats actuels sur le mode d'action du DEET ont permis de proposer une cascade
                     d'événements menant à une augmentation importante de la concentration en calcium intracellulaire
                     laquelle entraîne la mort des neurones de l'insecte. Ces deux effets au niveau du
                     SNC de l'insecte peuvent expliquer la neurotoxicité du DEET et la synergie détectée
                     avec les Ops ou les carbamates. Ces études sur les interactions insecticide non-pyréthrinoïde
                     / répulsif offrent des perspectives opérationnelles alternatives aux pyréthrinoïdes.
                     D'une manière générale, ce travail souligne l'intérêt d'utiliser les répulsifs pour
                     la lutte anti-vectorielle et la nécessité de mieux comprendre leurs modes d'action
                     au niveau du système nerveux des insectes vecteurs. En effet, l'élargissement de la
                     gamme de molécules disponibles pour la lutte anti-vectorielle peut permettre la mise
                     en place de nouvelles stratégies et contribuer à une meilleure gestion de la résistance
                     chez les insectes vecteurs de maladies humaines.