Note publique d'information : Aborder la rhétorique du silence chez Pinter revient à examiner à la fois ce qui se
passe sur scène, dans le texte poétique, et à jeter un regard sur les différents média
dont son théâtre se sert pour aborder des thèmes liés à la guerre, à la menace, à
l'existence, à la philosophie et à la métaphysique. Il y est aussi question de voir
le rapport de cette modalité du langage à l'outil linguistique. L'ontologie du silence
à permis de comprendre, qu'il s'agisse dans la communication ou dans la représentation,
que cette réalité ne peut être compréhensible qu'à l'ombre de l'élément verbal. Le
silence peut être perçu comme ce qui se dérobe à toute tentative de mise à mots. Pour
nous imprégner du contenu de ce que Pinter cherche à nous faire parvenir, nous devons
considérer ce sous-territoire verbal constitués de non-dits, d'allusions, de sous-entendus,
mais également des espaces de l’indétermination. Et comme le langage n'est pas toujours
téléologiquement motivé par l'expressivité, son caractère ambivalent, elliptique,
fragmentaire, minimaliste et ésotérique constitue un défi pour le public. Cependant,
l'étude étiologique (causes) du silence montre que tout ne peut s'expliquer par les
limites, les failles et les impossibilités du langage et par le refus de l'engagement
du locuteur ou de son capital cognitif et épistémologique. Le temps représente un
obstacle majeur dans les efforts de l'homme d'expliquer des événements, faits antérieurs.
S'il est difficile de parler précisément et objectivement du passé et du futur, nommer
ou désigner ce qui se passe sous les yeux semble l'être également. En plus de la labilité
et de l'oubli, la complexité des choses à dire peut aussi signifier l'arrêt définitif
ou temporaire de tout discours. Avant l'échéance eschatologique, le silence n'est
absolument pas un vide, un néant, même si des pesanteurs d'ordre encratique, idéologique
et social rendent compte de la contrainte à laquelle sur tout sujet parlant est appelé
à faire face. LE silence qui traverse le théâtre de Pinter est différent de cette
absence de parole qu'impose la mort. Il n'est donc pas néontique, parce qu'il se justifie,
d'une part, par une option artistique, et d'autre part, par le désir de nous rappeler
qui nous sommes. Ce sont nos mots et nos silences qui font de nous ce que nous sommes
dans ou sans interaction subjective : une entité sonore et une autre silencieuse.
Tout être langagier est fait de ce qui s'énonce clairement et de ce qui ne cesse de
s'échapper à toute expression verbale.Le choix porté sur l'adaptation cinématographique
des pièces de Pinter obéit à l'effort de montrer que, quand les mots n'arrivent plus
à dire, il faut se tourner vers des données sémiologiques, sémiotiques et somatico-gestuelles.
Le genre poétique est un autre moyen par lequel les voix du silence nous parviennent
à travers les allusions, les images et les symboles. Dans l’œuvre artistique de Pinter,
le silence n'a pas qu'une signification mais aussi un rôle, une nature et des limites.
Le silence n'est pas exclusivement dans le tacite ou le caché : il se trouve également
dans ce qui se montre ou ce qui s'entend. Ce théâtre rappelle qu'à l'image du langage,
le silence est une forme d'expression qui exige du spectateur une profonde attention
pour comprendre le message qu'il entend lui faire passer. Par ailleurs, la protologie
du silence révèle que d'autres arts de la scène tels que le praxis orchésale et la
pratique musicale doivent leur existence à la réalité silencieuse. Vu que le silence
sous-tend les moyens d'expression et de communication humaines, cela révèle du bon
sens de lui reconnaître comme forme vivante. Le silence est à la fois une force centrifuge
et centripète, car tout part de lui et retourne à son sein. Il est à l'origine de
toute chose, et il survivra toute existence.
Note publique d'information : The main purpose of this research is not only to try to grasp the meaning of the unsaid
and the hidden in the artistic work of Harold Pinter, but first and foresmost to show
that language can neither have a meaning nor be made out if we do not consider what
is lying underneath or if we disregard any reading between the lines. Even if it's
obvious that the stage is more often than not under the yoke of words, the gist of
any play is to be looked for in silence. In Pinter's dramatic world, silence can be
understood as what cannot be said, what is not thoroughly said, what is not clearly
expressed, what is not yet said, what will never be said. It can be due to many reasons,
a silence may be observed under duress, as it may be made purposefully. The body language
is more than important, for what is displayed through it can urge any shrewd spectator
to muse upon what is beyond his eyes. Since words and images are not often reliable,
the work of any spectator is to ponder over what is shown or said to him. And like
any tool of communication, silence requires a text and a context to yield the substance
emnodied in it. Any attempt to sever the language of words from that of silence is
doomed to failure. Silence per se is the realm of silent words. Before being uttered,
any word was first kept in silence. All discourses stem from silence, and whilst some
can reach the listener, others need a particular attention, whence our interest in
Pinter's early poems. The silence we'redealing with is not a void. It's pregnant with
meaning and cannot be avoided as long as we're able to speak or we're potential locutors.