Note publique d'information : Malgré les efforts nationaux et internationaux, le paludisme reste un problème de
santépublique majeur dans de nombreux pays et les systèmes de santé ont des difficultés
pourévaluer son poids réel, le risque de transmission des plasmodiums et leur répartitiongéographique.
Pourtant, l’hétérogénéité spatiale du paludisme peut être importante et dans cecontexte
de concentration du risque, la lutte contre la maladie peut gagner à être focaliséedans
certains lieux et certaines périodes. D’une part, l’environnement est un déterminantmajeur
de la biodiversité du paludisme à cause du caractère vectoriel de la transmission
et despréférences bioécologiques des vecteurs. D’autre part, les satellites en orbite
peuvent fournirdes données environnementales, climatiques et météorologiques qui ont
déjà été utilisées pourl’étude de maladies infectieuses. La « télé-épidémiologie »
a été définie comme une approcheintégrée visant à associer des données médicales,
épidémiologiques ou entomologiques deterrain à des données environnementales obtenues
par satellites, en s’appuyant sur lacompréhension et la mesure des mécanismes physiques
et biologiques qui sont en jeu. Dansles villes, il a déjà été possible de mettre en
évidence, en utilisant des données satellites à deséchelles appropriés, des associations
entre des éléments urbains cartographiés et desindicateurs paludométriques. Chez des
voyageurs, dans l’objectif d’une évaluation du risquede contracter le paludisme ou
de l’efficacité de mesures prophylactiques, il serait utile depouvoir évaluer et prédire
les niveaux d’exposition à la transmission dans les différenteslocalités parcourues.
L’objectif général des travaux de la présente thèse était d’identifier desfacteurs
environnementaux mesurables par satellite et utilisables pour l’évaluation du risquede
paludisme chez les voyageurs d’une part et en milieu urbain d’autre part.Tout d’abord,
des données de télédétection ont été utilisées pour évaluer les niveauxd’expositions
au risque de paludisme d’une population de militaires, dans le cadre d’un travailsur
l’estimation de leurs facteurs de risque d’accès palustre. Les résultats ont montré
que,même en prenant en compte les facteurs de confusion de l’âge et de l’observance
de lachimioprophylaxie, l’environnement était le principal facteur associé au risque
de survenued’accès palustres.En parallèle, une large collecte de données entomologiques
a été effectuée pendant cinq ansdans la ville de Dakar et a permis de mettre en évidence
une très forte hétérogénéité spatiale ettemporelle de la transmission du paludisme
dans la ville. Les informations collectées ont étécentralisées dans une base de données
géoréférencée (SIG - Système d’InformationGéographique) contenant toutes les variables
entomologiques, environnementales,météorologiques, biologiques et physiques relevées
sur le terrain ou par satellites.Puis un travail de modélisation du risque entomologique
dans la capitale du Sénégal, basé surles données collectées sur le terrain et sur
des données environnementales issues d’imagessatellites a été mené. Une première étape
a permis de mettre en évidence les évolutions deszones à risque de transmission et
d’affirmer que le pourcentage de la population dakaroise àfort risque de transmission
avait diminué entre 1996 et 2007. Une deuxième étape a conduit àl’élaboration de 1)
une carte des gîtes larvaires accompagné d’un indice de productivité dansla ville
de Dakar, 2) une carte des densités d’agressivité des anophèles adultes, puis 3) cescartes
étaient rendues dynamiques, c'est-à-dire que les variations temporelles liées auxvariations
de leurs déterminants météorologiques étaient prises en compte.Les résultats des travaux
de thèse ont montré que des données de télédétection associées à unegrande quantité
de données de terrain peuvent permettre l’ajustement de modèles prédictifs etla construction
de cartes de risque entomologique, en milieu urbain ou pour des populationsmobiles.
Note publique d'information : Despite national an international efforts, malaria remains a major public health in
manycountries and sanitary systems are hindered by the lack of information on the
actual burden ofmalaria, on the plasmodium transmission risk and on their geographical
distribution.Nevertheless, spatial heterogeneity can be important and in this context,
malaria control couldbe improved if could be focused in place and time. On one hand,
the environment is a majordeterminant of malaria biodiversity, because of the vectorial
transmission and the vectorsbioecological preferences. On another hand, orbiting satellites
can provide environmental,climatic and meteorological data that already have been
used for the study of infectiousdiseases. “Tele-epidemiology” has been defined as
an integrated approach aiming atassociating medical, epidemiological or entomological
ground data, with remotely-sensedenvironmental data, based on the in depth comprehension
and measurement of the involvedphysical and biological mechanisms. In cities, it has
already been possible to highlightassociations between mapped urban settings and malariometric
indices, using satellite data atappropriate scales. Among travellers, in the objective
to evaluate malaria risk or efficacy ofprophylactic devices, it would be useful to
evaluate and predict transmission levels in thevisited places. The objective of the
present thesis was to identify environmental factors thatcould be remotely-sensed
and that could be used in the evaluation of malaria risk amongtravellers on one hand
and in urban settings on the other hand.First, remotely-sensed data have been used
to evaluate levels of exposure to malaria risk ofmilitaries, in the scope of a study
on their risk factors for clinical malaria. Results haveshowed that, even when taking
into account age and compliance to chemoprophylaxis asconfusion factors, the environment
was the factor the most strongly associated to clinicalmalaria risk.In parallel, an
extensive entomological study has been conducted during five years in Dakarand allowed
demonstrating a strong spatial and temporal heterogeneity of malariatransmission in
the city. Collected information were centralized in a georeferenced database(GIS -
Geographic Information System) containing all entomological, environmental,meteorological,
biological and physical data collected on the field or by remote sensing.Finally,
modelling of entomological risk in the capital city of Senegal was undertaken, basedon
data collected on the ground and environmental data issued from satellites. A first
stepshowed the evolution of malaria transmission risk areas and allowed declaring
that thefraction of human population that was at high risk for transmission decreased
between 1996and 2007. A second step led to the development of 1) a map of the breeding
sites with aproductivity indicator in Dakar city, 2) a map of aggressive adult Anopheles
densities, and 3)a dynamic aspect was added to those maps, taking into account the
variations of theirmeteorological determinants.The results of the work undertaken
in this thesis demonstrated that remotely-sensedinformation, associated with a large
amount of ground data, allow to adjust predictive models and to draw entomological
risk maps, in urban settings or for moving populations