Note publique d'information : Dans les sciences de la nature, ainsi que dans les sciences humaines, le terme bruit
désigne perturbation et erreur. Il est pertinent non seulement au jugement esthétique,
par exemple du bruit sonore or visuel, mais encore à des domaines aussi variés que
la technologie de communication, la physique ou encore la biologie. La question que
pose cette thèse est celle-ci : quel est le fond sur lequel se partage l'utilisation
transdisciplinaire qui est faite de facto du terme bruit à travers les disciplines
? La difficulté que pose le partage des ressources conceptuelles à travers les frontières
entre les disciplines est donc tout d'abord épistémologique : toute théorie de la
connaissance doit se confronter au transfert des concepts avec bruit. La notion d'"entropie
de l'information" développée par Shannon et Weaver servira ici d'abord à problématiser
l'idée répandue selon laquelle le bruit, tout comme l'entropie, ne serait que source
de désorganisation, désordre ou erreur. De telles 'idées entropiques' impliquent d'ailleurs
un paradigme physique dans les notions d'information et de bruit. Il ajoute donc à
la question épistémologique le problème de l'expérience — et de surcroît d'une expérience
qui est toujours relativement imprévisible et, dans la longue durée, même absolument
imprévisible. L'excès que présente cette expérience par rapport à la connaissance
nous confronte finalement à la question ontologique de l'être en tant que fondement
problématique de l'expérience et de la connaissance. Cette thèse pose donc la question
épistémologique et ontologique du bruit par rapport à l'être comme fond sur lequel
nous jugeons et donc découpons l'information du bruit.
Note publique d'information : Across the natural and human sciences the term noise designates disturbance, perturbation
and error. It pertains not only to aesthetic judgement, for instance acoustic or even
visual noise, but also domains as varied as communication technology, physics and
biology. The question this thesis poses is: what is the common ground for the de facto
transdisciplinary use of the term noise? The difficulty that emerges from the sharing
of conceptual resources across disciplinary boundaries is thus first of ail an epistemological
one: any theory of knowledge must factor in the transfer of concepts with noise. Shannon
and Weaver's notion of 'information entropy' here furthermore serves to problematize
the common idea whereby noise, like entropy, would be the source only of disorganisation,
disorder or error. These `entropic ideas' furthermore imply a physical paradigm, which
adds to the epistemological question of noise also the problem of experience, of an
experience that is furthermore always relatively unpredictable and in the long term
absolutely unpredictable. This excess of the experience of noise over knowledge finally
confronts us with the ontological question of being as the problematical ground of
both experience and knowledge. This thesis thus raises both the epistemological and
ontological question of the grounds upon which we judge and thus sever information
from noise.