Note publique d'information : Les mouvements antinucléaires ont été abondamment analysés par les sociologues et
décrits dans les médias. En revanche, les protestations des pays non-nucléaires géographiquement
proches de sites nucléaires ont été peu analysées. Etudier les réactions suscitées
en Irlande par la proximité du complexe nucléaire britannique de Sellafield, de l'autre
côté de la mer d'Irlande, nous permet d'illustrer les diverses formes de mobilisation
antinucléaires avec, en toile de fond, les tensions persistantes entre le Royaume-Uni
et la République d'Irlande. Les divers risques liés aux activités de Sellafield ont
mobilisé l'opinion publique et les autorités politiques irlandaises à partir de la
fin des années quatre-vingt en un large consensus qui a amené le gouvernement irlandais
à demander au Royaume-Uni un droit de regard sur la gestion du site. Or, en tentant
de dégager la cohérence idéologique de l'antinucléarisme irlandais, de la fin des
années soixante à 2003. contradictions et ambiguïtés apparaissent. Ce constat nous
amène à considérer la question sous l'angle identitaire. Certes, le combat de l'Irlande
n'est pas sans lien avec la lutte séculaire contre l'impérialisme britannique, mais
peut-on le réduire à un simple renouveau du sentiment nationaliste, sous une forme
nouvelle dérivée de la montée de la sensibilité écologiste dans les sociétés industrialisées
?Nous proposons d'envisager l'antinucléarisme irlandais en tant que vecteur identitaire
pour la jeune république, non seulement à travers l'étude du jeu diplomatique anglo-irlandais,
mais également en nous interrogeant sur la place de l'Irlande en Europe et dans le
monde
Note publique d'information : Anti-nuclear movements have been thoroughly investigated by sociologists and commented
upon in the media. However, the objections from the non-nuclear countries which happen
to be close to nuclear sites have been mostly ignored.The study of the Irish reactions
to the nuclear complex of Sellafield, on the other side of the Irish Sea, illustrates
the various forms of anti-nuclear mobilizations, against the backdrop of the ongoing
tensions between Britain and the Republic of Ireland. In Ireland, the risks posed
by the Sellafield facilities have mobilized public opinion and the authorities from
the end of the eighties, in a broad consensus which has induced the Irish government
to demand some control over the decisions relating to the activities at the nuclear
site.However, the attempt to bring out the ideological coherence of Irish antinuclearism
from the late sixties to 2003 also sets into relief a number of contradictions and
flaws which make it necessary to consider the issue from the point of view of national
identity. Even if the conflict over Sellafield is somehow connected with the age-old
fight against British imperialism, can it be reduced to a mere revival of the nationalist
sentiment, in a new form derived from the growing environmental awareness in industrialized
societies? We propose to consider antinuclearism in Ireland as a conveyor of identity
for the young republic. To serve this purpose, we will study Anglo-Irish diplomatic
relations as well as the place of Ireland in Europe and in the world.