Note publique d'information : Dans la société occidentale, le verbalisme politique exprime une double illusion,
en même temps qu'il lui donne naissance. Nous assistons au développement de l'illusion
de l'homme politique qui croit maîtriser la machine de l'État, qui croit prendre des
décisions politiques toujours efficaces, alors qu'il se trouve de plus en plus impuissant
en face de la rigueur croissante des appareils étatiques. Or, cette impuissance de
l'homme politique est voilée précisément par la puissance et l'efficacité des moyens
d'action de l'État qui interviennent toujours plus profondément et exactement dans
la vie de la nation, et dans celle des citoyens. Mais l'homme politique, fût-il dictateur,
n'a finalement aucune maîtrise de ces moyens. Réciproquement, paraît l'illusion du
citoyen, qui, vivant encore sur l'idéologie de la souveraineté populaire et des constitutions
démocratiques, croit pouvoir contrôler la politique, l'orienter, participer à la fonction
politique, alors que tout au plus il peut contrôler des hommes politiques sans pouvoir
réel – et s'engage, sur cette double illusion, un dialogue d'impuissants. Dans cette
difficile situation, n'y a-t-il aucun remède? S'il en existait un, il serait, en tout
cas, à la fois humble et héroïque