Note publique d'information : Depuis le début des années 60, les artistes sont de plus en plus nombreux à s’immiscer
au cœur des villes pour engendrer des œuvres qui adhèrent au tissu urbain. Cette forme
d’art délocalisé, que nous appelons l’art à même la ville, prendrait ainsi ses libertés
vis-à-vis des institutions, s’exposant alors à de nombreux risques : de fait, la création
immergée dans ce contexte peut tout aussi bien passer inaperçue, être incomprise,
dégradée voire contrecarrée par les services d’ordre ou de nettoyage. Ces pratiques
pour le moins périlleuses n’ont cependant pas totalement rompu les liens avec les
musées qui étendent leurs pouvoirs sur la ville (grâce aux commandes publiques, aux
biennales d’art) et intègrent entre leurs murs différentes traces qui témoignent des
démarches urbaines « sauvages ». Outre le fait qu’il questionne de la sorte les frontières
et les fonctions muséales, l’art à même la ville peut servir de point de départ à
une réflexion sur les stratégies élaborées par les artistes pour s’approprier le territoire
urbain (en le marquant, en le signant ou en le « marchant ») et permet, plus largement,
de s’interroger sur ce que signifie « habiter » la ville. Se livrant à un corps à
corps avec la cité, prêtant l’oreille à ses maux et ses non-dits, les plasticiens
s’attachent finalement à dévoiler différents aspects de cet organisme complexe et
fascinant. Une ville peut, en effet, se définir par ses habitants, sa lumière, ses
sonorités, son architecture, ses fragrances et les histoires qui s’y trament : autant
d’ingrédients utilisés à l’envi pour générer des œuvres qui s’incorporent à leur tour
aux plis de la mémoire urbaine.
Note publique d'information : Since the beginning of the 1960s, artists have been more and more numerous to sneak
into the hearts of cities and devise bodies of work that cohere with urban fabric.
Such relocation of art - which we call ‘art at the heart of cities’ - might ensure
the artist’s freedom away from institutions, thus endangering him in many ways. Indeed,
creation immersed in that context could go unnoticed or be misunderstood, defaced
or even thwarted by those who maintain order and cleaning services. This practice,
perilous as it may be, has not however severed links with museums which have an increasingly
strong hold over cities (through public commissions and biennals) and will welcome
various productions of ‘wild’ urban artistic approaches within their premises. Beyond
questioning as such the limits and meaning of what museums stand for, art at the heart
of cities may be viewed as a starting point for a reflection on which strategies artists
will follow to take over urban territories (whether they leave a mark or a ‘signature’
or just walk through). More largely, it raises the question of what it means to live
in the city. In a hand-to-hand fight with the city, paying heed to its moans and silences,
at the end of the day what visual artists are endeavouring is to unveil the manifold
aspects of this living organism, both complex and fascinating. Indeed, one could define
a city through its dwellers, its lights, its noises, its architectural shape, its
odours or the stories that are being played there. These are the many ingredients
an artist can play with to create a body of works that will, in turn, find its place
among the folds of urban memory.