Note publique d'information : Qu'est-ce qu'un « portrait imaginaire « ? Je mets l'expression entre guillemets parce
qu'elle ne désigne pas seulement le recueil des Imaginary portraits de 1887. Elle
permet de définir un ensemble d'œuvres de fiction, que Pater a écrites entre 1878
et 1894. S'inspirant du « portrait imaginaire » en peinture, Pater redonne au portrait
une place noble dans la hiérarchie des genres. Le portrait peut prendre d'autres formes,
en particulier celle de la maison, qui est une extension de la personne. Elle est
l'image de son tempérament et de la phase de culture qu'il incarne. Pour montrer l'évolution
du zeitgeist, Pater s'inspire des vestiges du passé. Les images funéraires reprennent
vie, sous sa plume, dans un nouveau portrait, celui d'un personnage dont le génie
permet de comprendre l'essence de la culture. Dans sa fiction comme dans ses essais
critiques, Pater s'inspire d'œuvres d'art, peintures, sculptures ou monuments. Il
marie le texte et l'image. Quand il part de sources historiques, le discours sur l'art
et sur l'histoire demeure, mais Pater recréé aussi le passé dans un tableau vivant
et colore. En outre, les « portraits imaginaires » ont tendance à la fragmentation.
Le texte se constitue en journal, pour accueillir une confession voilée où peut se
lire le développement infini de l'esprit. Cependant, Pater cherche aussi à composer
un portrait, c'est-à-dire à rassembler les différentes phases du parcours spirituel
en une image unique. Le « portrait imaginaire » a une double dimension psychologique
et culturelle, que l'on retrouve dans les œuvres des « héritiers » de Pater, Vernon
Lee, Maurice Hewlett, John Synge, Arthur Symons et Ernest Dowson.