Note publique d'information : Depuis plus d’une trentaine d’années, différents travaux de sciences de l’éducation
mettent en évidence le rôle de l’école dans la co-construction des inégalités scolaires,
en lien avec les inégalités sociales. L’objet de cette thèse est de revisiter, dans
une approche empruntant à la psychanalyse, la notion de co-construction des inégalités
en termes d’expérience culturelle, et de construire un cadre théorique destiné à montrer
à quelles conditions l’expérience scolaire est susceptible de s’apparenter – ou non
– pour les élèves à une expérience culturelle, entendue au sens restreint d’expérience
psychique reposant sur la rencontre paradoxale entre monde intérieur et monde extérieur.
Prenant appui sur des travaux de sciences du langage, de sciences de l’éducation et
de sociologie qui mettent en évidence aussi bien l’hétérogénéité du discours que l’hétérogénéité
des situations auxquelles sont confrontés les élèves, nous avons cherché à identifier
les différences susceptibles d’apparaître dans la production de significations au
sein des dispositifs scolaires d’apprentissage : nous avons ainsi pu établir un lien
entre la possibilité de l’expérience culturelle et la perspective qu’ouvrent l’identification
et l’appropriation des enjeux d’apprentissage. L’analyse des différentes transcriptions
de séances de classes qui constituent notre corpus nous a amenée à distinguer trois
niveaux dans la production de significations : le niveau mondain, traduisant une absence
de décollement de l’expérience du monde, le niveau formel, traduisant l’introjection
dans la psyché de significations « toutes faites », et le niveau culturel, traduisant
l’appropriation des objets d’apprentissage.
Note publique d'information : For more than 30 years, various researches on educational studies have been underscoring
the role of school in the co-construction of school disparities, in connection with
social inequalities. This thesis aims at re-examining, in an approach including psychoanalysis,
the notion of co-construction of inequalities as far as cultural experience is concerned,
and at building a theoretical framework that may show to what extent school experience
is likely to be similar or not, for the pupils, to a cultural experience, in its restricted
meaning of psychological experience which consists in the paradoxical conjunction
of the inner and outer worlds. Using researches on sciences of the language, educational
sciences and sociology which reveal the heterogeneity of speech as well as the heterogeneity
of situations with which the pupils are confronted, we tried to identify the differences
that may appear in the production of meanings within school structures of learning;
we were then able to establish a link between the possibility of cultural experience
and the perspective that create the identification and the appropriation of the stakes
in learning. Analysing various transcriptions of school lessons which compose our
corpus led us to distinguish three levels in the production of meanings: the worldly
level conveying an absence of detachment towards experiencing the world, the formal
level, showing the intro-jection in the psyche of ready-made meanings, and the cultural
level showing the appropriation of the subject matters of learning.