Note publique d'information : La corruption se définit de la manière la plus large comme tout « abus de pouvoir
aux fins d’un profit privé ». Sous ses différentes formes, elle apparaît intimement
liée à l’exercice du pouvoir. Cette dimension politique en fait l’envers de la démocratie,
ainsi qu’un phénomène criminel particulièrement difficile à identifier, poursuivre
et réprimer. Au cours des dernières décennies, elle aurait acquis une nouvelle dimension
mondiale, rendant nécessaire une constante adaptation des dispositifs tant préventifs
que répressifs. Cependant, le système pénal anti-corruption semble tributaire des
profondes tensions générées par la confrontation permanente de la logique de l’État
de droit à celle du pouvoir. Les résistances politiques s’avèrent nombreuses dans
la perspective de diminuer les obstacles à une pleine efficacité répressive. Le juge
pénal se trouve alors placé en première ligne de ce processus dialectique. Par son
audace investigatrice et sa jurisprudence compensatrice, il contribuerait de manière
décisive à faire évoluer le droit et, plus largement, à redéfinir les équilibres démocratiques
entre pouvoir et contre-pouvoir. Sur le plan national, la justice acquiert ainsi une
autonomie, une légitimité et une indépendance inédites. À travers la lutte contre
la corruption transnationale, ce droit sous haute tension doit répondre au double
défi de son efficacité et de son extranéité. L’approche systémique de la lutte contre
la corruption permet alors de penser la cohérence d’ensemble des dispositifs juridiques,
qu’il s’agit d’aligner suivant le même but : constituer une barrière protectrice pour
le bien commun
Note publique d'information : Corruption is defined, in the broadest sense as any “abuse of power for private gain”.
In its various forms, this phenomenon appears to be closely linked to the exercise
of power. This political dimension makes it the opposite of democracy, as well as
a criminal phenomenon which is particularly difficult to identify, prosecute and control.
In the last decades, corruption has acquired a new international dimension that seemingly
requires the constant adjustment of measures and provisions of law. However, the system
dedicated to anti-corruption is seemingly born out of deep tensions generated by the
permanent confrontation of the logic of the rule of law with the logic of power. There
remains much political resistance to addressing the enforcement gap and remove the
barriers to full repressive efficiency. The criminal judge is therefore placed at
the forefront of this dialectical process. Through his investigative boldness and
establishment of compensatory jurisprudence, the criminal judge contributes decisively
to developing the law and, more broadly, to redefine the democratic balance between
power and countervailing checks and balances. Nationally, justice thus acquires unprecedented
autonomy, legitimacy and independence. Through the fight against transnational corruption,
this law under high pressure must meet the dual challenge of its effectiveness and
its foreignness. As a result, the systemic approach to the fight against corruption
suggests we might think legal provisions in their overall consistency, with respect
to their final aim: provide a line of defense for the common good