Note publique d'information : L’objectif général était d'étudier les liens entre les conduites addictives et différents
aspects de la vie professionnelle dans l’infrastructure de recherche CONSTANCES :
(1) Estimer les prévalences d'usage de substances en population générale française
en fonction des facteurs sociodémographiques et cliniques, (2) Étudier les associations
longitudinales entre stress au travail et usage chronique de benzodiazépines, (3)
Étudier les associations transversales entre demande émotionnelle au travail et usages
d’alcool, de tabac et de cannabis, (4) Étudier les associations transversales entre
demande émotionnelle au travail et usage chronique de benzodiazépines, (5) Étudier
les associations longitudinales entre usages d’alcool, de tabac et de cannabis et
la perte d’emploi.1. Les prévalences d'usage d'alcool, de tabac et de cannabis en
population générale ont été estimées. Concernant l’usage chronique de benzodiazépines,
sa prévalence était en 2015 de 2,8 % (IC 95% : 2,3-3,4) chez les hommes et de 3,8%
(IC 95 % : 3,3-4,5) chez les femmes(n = 9 535).2. Il existait des relations dose-dépendantes
entre l’intensité du stress au travail, mesuré par le déséquilibre effort-récompense,
et le risque d’usage chronique de benzodiazépines sur une période de suivi de deux
ans (n = 31 077), avec un OR = 2,18 (IC 95 % : 1,50-3,16) pour les sujets les plus
stressés comparés aux moins stressés, après ajustement pour les facteurs sociodémographiques,
les usages d’alcool et de tabac, la dépression et l’état de santé perçu.3. Il existait
des associations significatives entre la demande émotionnelle au travail, mesurée
par la fréquence de l’exposition stressante au public, et les usages d’alcool, de
tabac et de cannabis, en ajustant pour les facteurs sociodémographiques (n=23 641).
Concernant l’usage d’alcool, la demande émotionnelle était associée chez les hommes
à une augmentation du risque d’alcoolisations paroxystiques intermittentes plus d’une
fois par mois (OR = 1,29 (IC 95 % : 1,10-1,51), et chez les femmes à une augmentation
des risques de consommation hebdomadaire élevée ou très élevée (OR = 1,59 (IC 95 %
: 1,12-2,25) et de trouble de l’usage d’alcool (OR = 2,30 (IC 95 % : 1,54-3,44).4.
Il existait des relations dose-dépendantes entre la demande émotionnelle au travail
et l'usage chronique de benzodiazépines, en ajustant pour l’âge, le niveau d’éducation
et l’indice de déprivation sociale (n=33 195). Les OR étaient de 2,3 (IC 95 % : 1,5-3,6)
chez les hommes et de 2,5 (IC 95 % : 1,8-3,4) chez les femmes pour les individus exposés
à la plus forte demande émotionnelle comparée à la plus faible. Ces associations persistaient
en l’absence d’autres facteurs de vulnérabilité à l’usage des benzodiazépines.5. Les
usages d’alcool, de tabac et de cannabis étaient tous associés, de manière indépendante,
et suivant des relations dose-dépendantes, au risque de perte d’emploi à un an, en
ajustant pour l’âge, le genre, la dépression et l’état de santé perçu(n=18 879). Le
risque de perte d’emploi associé à un usage problématique ou de dépendance probable
de l’alcool était de 1,92 (IC 95 % : 1,34-2,75) comparé à un usage à faible risque.
Il était de 1,78 (IC 95 % : 1,26-2,54) pour les gros fumeurs comparés aux non-fumeurs
et de 2,68 (IC 95 % : 2,10-3,42) pour les consommateurs de cannabis au moins une fois
par mois comparés aux non-consommateurs.Ces résultats pourraient permettre aux décideurs
en santé publique et en santé au travail d'élaborer des stratégies d'information et
de prévention destinées à réduire l'usage de substances, notamment en milieu professionnel.
En raison de la complexité des interrelations entre conduites addictives et vie professionnelle,
ce champ de recherche en épidémiologie devrait poursuivre son développement afin de
répondre aux enjeux majeurs de santé publique posés tant par les conduites addictives
que par l'exposition aux risques professionnels.
Note publique d'information : The overall objective was to explore the links between addictive behaviours (alcohol,
tobacco, cannabis, benzodiazepines) and different aspects of occupational life (i.e.
job stress, emotional demand, job loss) using data from the CONSTANCES research infrastructure.This
general objective has been operationalized into five distinct objectives:(1) Estimate
the prevalence of substance use in the general population according to socio-demographic
and clinical factors,(2) Examine the longitudinal associations between job stress
and benzodiazepine long-term use,(3) Examine the cross-sectional associations between
emotional job demand and alcohol, tobacco and cannabis use,(4) Examine the cross-sectional
associations between emotional job demand and benzodiazepine long-term use,(5) Examine
the longitudinal associations between alcohol, tobacco and cannabis use and job loss.1.
The prevalence of alcohol, tobacco and cannabis use in the general population have
been estimated. The prevalence of benzodiazepine long-term use in 2015 was of 2.8
% (CI 95 % : 2.3-3.4) in men and 3.8 % (CI 95 % : 3.3-4.5) in women (n=9 535).2. There
were dose-dependent relationships between job stress, as measured by the effort-reward
imbalance, and the risk of benzodiazepine long-term use over a two-year follow-up
(n=31 077), with an OR = 2.18 (CI 95 % : 1.50-3.16) for the most stressed compared
to the least stressed subjects, after adjusting for socio-demographic factors, alcohol
and tobacco smoking use, depression and self-rated health status.3. There were significant
associations between emotional job demand, measured by the stressful exposure to the
public in the workplace, and alcohol, tobacco and cannabis use, after adjusting for
socio-demographic factors (n=23 641). Regarding alcohol use, emotional job demand
was associated in men with an increased risk of heavy episodic drinking more than
once a month(OR = 1.29 (CI 95 % : 1.10-1.51), and in women with an increased risk
of high or very high weekly consumption (OR = 1.59 (CI 95 % : 1.12-2.25) as well as
with alcohol use disorder(OR = 2.30 (CI 95 % : 1.54-3.44).4. There were dose-dependent
relationships between emotional job demand and benzodiazepine long-term use, adjusting
for age, education level and social deprivation index (n=33 195). ORs were 2.3 (CI
95 % : 1.5-3.6) in men and 2.5 (CI 95 % : 1.8-3.4) in women for individuals exposed
to the highest emotional demand compared to the lowest. These associations remained
significant even without other factors of vulnerability to benzodiazepine use.5. Alcohol,
tobacco and cannabis use were independently and dose-dependently associated with the
risk of job loss at one-year, adjusting for age, gender, depression and self-rated
health status (n=18 879). The risk of job loss associated with problematic use or
alcohol dependence was 1.92 (CI 95 % : 1.34-2.75) compared to low-risk use. This risk
was 1.78 (95% CI : 1.26-2.54) for heavy smokers compared to non-smokers and 2.68 (CI
95 % : 2.10-3.42) for cannabis users at least once a month compared to non-users.These
findings could help public health and occupational health decision-makers to develop
information and prevention strategies aiming at reducing the burden of substance use,
particularly in the workplace. Because of the complexity of the interrelationships
between addictive behaviours and occupational life, this field of the epidemiologic
research should continue to be developed in order to meet the major public health
challenges posed by both addictive behaviours and exposure to occupational risks.