Note publique d'information : Le transhumanisme promeut un modèle d’humanité intégralement soumis à la seule puissance
technoscientifique qui se trouve elle-même orientée par l’idéologie néolibérale. La
figure de « l’homme augmenté » ou « posthumain » se constitue sur la réduction de
l’humain à ce qui dans sa condition est le plus « gouvernable », le plus docile, le
plus facile à diriger et à adapter aux besoins d’efficacité et de performativité économique.
Le transhumanisme devient ainsi le support de création et de conditionnement d’une
nouvelle subjectivité disposée à se laisser conduire selon les exigences d’une société
de marché. Le « posthumain » permettrait d’atteindre l’objectif ultime d’une dépolitisation
totale des individus et de la société au profit d’une économisation intégrale des
individus et de la société. Prise dans cette sotériologie transhumaniste, l’humanité
des hommes n’apparaît plus comme une énigme (aínigma), comme ce que les hommes peuvent
“laisser entendre de leur humanité” quand ils sont libres d’en questionner perpétuellement
le sens qui renvoie à une Idée indéfinissable et donc essentiellement énigmatique
[Robert Legros]. Lorsque l’énigme de l’humanité des hommes fait signe vers la condition
politique [Hannah Arendt], elle constitue le moteur d’une démocratie toujours à venir
[Jacques Derrida], invitant les hommes à s’approprier librement l’agir politique comme
instrument de problématisation du sens de l’humain. Problématisation éminemment politique
qui permet aux individus de refuser toute forme de normalisation aliénante de leur
existence.En mobilisant les outils de la Théorie critique, de la philosophie politique,
des théories de la démocratie et de l’histoire des idées politiques, l’enjeu de cette
thèse réside dans l’analyse du mouvement transhumaniste à l’aune d’une domination
de l’idéologie néolibérale qui dissimule le fait que l’utopie d’une posthumanité n’est
que l’illusion idéologique d’une démocratie qui aura définitivement épuisé son énergie
utopique en même temps qu’elle aura cessé de maintenir l’énigme de l’humanité des
hommes comme la source politique d’une émancipation véritable.
Note publique d'information : Transhumanism promotes a model of humanity that is entirely subject to the sole techno-scientific
power that is itself oriented by neoliberal ideology. The figure of the "augmented
man" or "posthuman" is constituted on the reduction of the human to what in its condition
is the most "governable", the most docile, the easiest to direct and to adapt to the
requirements of efficiency and economic performativity. Transhumanism thus becomes
the support for the creation and conditioning of a new subjectivity willing to let
itself be led according to the demands of a market society.The "posthuman" would allow
to reach the ultimate objective of a total depoliticization of the individuals and
the society to the profit of an integral economization of the individuals and the
society. Taken in this transhumanist soteriology, the humanity of the men does not
appear any more like an enigma, like what the men can “let understand of their humanity”
when they are free to question perpetually the sense of it which refers to an indefinable
Idea and thus essentially enigmatic [Robert Legros]. By mobilizing the tools of Critical
Theory, political philosophy, theories of democracy and the history of political ideas,
the stake of this thesis lies in the analysis of the transhumanist movement in the
light of a domination of the neoliberal ideology which hides the fact that the utopia
of a posthumanity is only the ideological illusion of a democracy which will have
definitively exhausted its utopian energy at the same time as it will have ceased
to maintain the enigma of the humanity of the men as the political source of a true
emancipation.